Visiter les lieux de tournage d’une ancienne télésérie d’époque, c’est faire deux voyages dans le temps pour le prix d’un. Lors de votre prochain passage dans Charlevoix, plongez à la fois dans les années 1980 qui ont vu naître Le Temps d’une paix, et dans la période d’entre-deux-guerres où ont évolué les personnages du très populaire téléroman.

Toujours disponible en rediffusion, la série culte créée par Pierre Gauvreau atteignait autrefois les trois millions de téléspectateurs et téléspectatrices. Le succès était tel que des foules de plusieurs centaines de personnes, venues de partout au Québec, se massaient régulièrement autour de l’équipe pour assister au tournage des épisodes !

Portait coloré de l’arrivée de la modernité dans les campagnes québécoises, Le Temps d’une paix a tourné l’entièreté de ses scènes d’extérieur dans les paysages bucoliques de Charlevoix et presque toutes ses scènes d’intérieur en studio, à l’exception de celles se déroulant dans l’église.

Si plusieurs de ces sites, comme le moulin de Siméon et la maison du notaire Fournier, sont aujourd’hui des terrains privés, certains lieux emblématiques de l’émission sont, à notre plus grande joie, ouverts au public.

Mais pour un décor de ferme ancestrale presqu’intouché, c’est à la ferme de Rose-Anna, à Notre-Dame-des-Monts, qu’il faut se rendre !

Les propriétaires actuels des bâtiments, l’organisme à but non lucratif Héritage Charlevoix, vous surprendront peut-être en vous apprenant que la maison de Rose-Anna a été « construite spécialement pour la série non loin de la véritable maison de ferme », et consiste donc en une « structure de théâtre posée sur le sol, vide à l’intérieur ». Il n’en reste pas moins que ce décor et les réels bâtiments patrimoniaux qui l’entourent valent assurément le détour, ne serait-ce que pour l’agréable impression, l’espace d’un instant, de voir les lieux reprendre vie.

Bien que le site ne soit ouvert qu’à certaines dates précises durant l’été, lors de démonstrations de techniques traditionnelles, comme la fabrication du savon ou de la teinture, par exemple, ou encore la présentation d’anciens outils, en collaboration avec le Musée de Charlevoix, il est désormais possible d’avoir une vue sur la propriété à l’année, via une sorte de petite baie aménagée expressément le long des clôtures, panneau d’interprétation à la clé, pour le plus grand plaisir des touristes, fans d’histoire et de culture.

Et tant qu’à être dans les parages, prenez le temps d’aller jeter un coup d’œil à la grange de la ferme voisine, la Ferme Lajoie, celle qui apparaît dans le générique du Temps d’une paix et qui fascine par son toit de chaume exceptionnellement bien conservé. Là aussi, un panneau d’interprétation vous permettra d’en découvrir davantage sur ce qui fait la richesse de ce bâtiment datant du début des années 1800 classé au patrimoine comme l’un des derniers biens culturels du genre.

Il ne vous restera plus sur la Route des Montagnes qu’à laisser votre regard se perdre dans le relief charlevoisien pour imaginer le rôle que vous auriez voulu jouer, vous, dans la société québécoise des années 1918 à 1939, aux côtés des Saint-Cyr, des Fournier, des Desrosiers et des Lavoie.