Tourisme Charlevoix

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22 octobre 2020Félicia Corbeil-L'abbé

Tomber dans les pommes

Savoir où l’on va, c’est bien, mais savoir d’où l’on vient c’est encore mieux! Dans cette série d’articles de blogue, vous découvrirez les porteurs de traditions, leur histoire et les méthodes ancestrales présentés par les six économusées et espace patrimoine de Charlevoix.

Êtes-vous prêts pour une nouvelle virée à l’Isle? Il paraît que, quand on y traverse, l’air change et le temps ralentit. Est-ce que cette énergie particulière est à la base de l’incroyable créativité des insulaires? Aucune preuve scientifique ne l’indique, mais il y a une famille coudriloise qui pourrait certainement nous donner envie d’élaborer nos propres théories sur le sujet. Allons cette fois à la rencontre de Michel Pedneault, ses neveux Éric et Patrice Desgagnés et leur famille.

Pour les Pedneault-Desgagnés, la tradition est dans la pomme. Orchestrant aujourd’hui une cidrerie, une biscuiterie et un restaurant, on peut dire qu’ils ont l’ambition et l’innovation dans les veines! Comment en sont-ils arrivés à cultiver plus de 6000 pommiers et 3000 arbres fruitiers, grâce auxquels nous avons accès à plus de 50 produits dérivés? Remontons un peu dans le temps pour découvrir leur histoire pour le moins étonnante.

© Tourisme Charlevoix, Guy Couture

Résidente de l’île depuis plus de huit générations, la famille Pedneault y aurait d’abord élu domicile en 1737. À la sixième génération, Francis Pedneault est tombé dans les pommes : quand tout le monde plantait des patates sur l’Isle-aux-Coudres, en 1918, il a plutôt opté pour la pomiculture! À l’aide des membres de sa famille, M. Pedneault parvint à cultiver non seulement des pommiers, mais aussi des pruniers, des cerisiers et des poiriers. Bien qu’en 1939, de nouvelles terres aient été ajoutées au verger originel, la simple production de fruits devint éventuellement insuffisante. C’est ce qui poussa son plus jeune fils, Michel Pedneault, à tenter le coup pour la transformation dans les années 90. Il apprit l’art de confectionner artisanalement des cidres et des vinaigres, se découvrant une véritable passion pour ce métier traditionnel. Il perfectionna ses méthodes, allant jusqu’à concocter une boisson de pommes gelées : le cidre de glace! On l’en remercie d’ailleurs; ceux qui auront déjà goûté au Glacier vous diront à quel point il s’agit d’une délectable expérience.

© Tourisme Charlevoix, Raphaël Bilodeau

Quand on y pense, passer des pommes de terre aux pommes d’arbre en 1918, c’était tout un pari à tenir! Le climat de l’île allait-il permettre une bonne saison de croissance? Eh bien, il s’est avéré que les 300 pommiers en provenance de Rougemont prirent racine sur les terres des Pedneault et donnèrent bon espoir au jeune pomiculteur et à sa famille. Au fil des ans, on ajouta plus de pommiers, en prenant soin de choisir des variétés hâtives et tardives, pour obtenir de beaux fruits sur la plus longue période possible. Ainsi, la Melba est mûre dès septembre, tandis que l’Antonovka ne l’est qu’à la fin octobre, par exemple.

Aux Vergers Pedneault, l’innovation passe aussi par la conservation de valeurs sûres. Parmi les 35 variétés qui y poussent, la doyenne est la Wealthy, une pomme ancestrale qui ne se trouve plus sur les étals des épiceries d’aujourd’hui. D’aspect moins « glamour », cette pomme est plutôt réputée pour la quantité de jus dont on peut en tirer et pour la franche acidité qu’elle confère aux cidres. Voyant son excellent potentiel de production, Francis Pedneault s’est appliqué à la reproduire telle quelle, sans hybridation, contrairement à d’autres variétés. Effectivement, certaines pommes n’ont plus tout à fait le même gabarit ou la même couleur qu’autrefois. Prenons la McIntosh : saviez-vous que la version ancestrale, la Barré, était plutôt verte et poussait dans des arbres bien plus hauts que ceux que nous connaissons? Semblerait-il que nous ayons une préférence pour les belles pommes rouges et qu’il était plus difficile d’entretenir des grands arbres. Cela a mené à l’utilisation de spécimens de pommiers nains ou semi-nains, qui produisent de beaux fruits bien colorés. Et pourtant, la Barré est encore cultivée sur l’Isle-aux-Coudres, son acidité étant intéressante pour la transformation.

© Tourisme Charlevoix, Raphaël Bilodeau

C’est en 2003 que les Pedneault-Desgagnés ont décidé de marier traditions et connaissances en entrant dans le réseau des Économusées®. Le métier de cidrier y est à l’honneur et on y déguste toutes sortes de produits, alcoolisés ou non, dont des mistelles et des cidres de glace, en toutes saisons! Curieux de percer les secrets de leur minutieuse confection? Lorsque l’hiver sera bien installé, nous vous en dévoilerons quelques-uns. Restez à l’affût!

© Tourisme Charlevoix, Raphaël Bilodeau

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