Monument de la culture québécoise, Pierre Perrault a été marqué à vie par son séjour à l’Isle-aux-Coudres, lieu de tournage de ses premiers films et source d’inspiration infinie pour l’artiste qui y puisera jusqu’aux derniers souffles de son œuvre. Et si, comme lui, vous décidiez de profiter d’un séjour à l’île pour, permettez-nous d’emprunter les mots de Léopold Tremblay, fier résident de l’île maintes fois cité par Perrault, « apprendre à vivre en vivant », c’est-à-dire vous arrêter le temps de prendre le pouls de cette vie insulaire en plein milieu du fleuve Saint-Laurent ?

S’offrir un long séjour

C’est lorsque son épouse lui fit visiter pour la première fois son « pays » d’origine de Charlevoix, avec tout l’amour qu’elle lui portait, que Pierre Perrault eut le sentiment d’enfin mettre le doigt sur ce qui manquait à sa vie montréalaise de jeune avocat et qu’il décida de s’installer à l’Isle-aux-Coudres à l’été 1956, puis de nombreuses fois en toutes saisons par la suite. Pour vous imprégner vous aussi des battures et de l’air salin, oubliez le rapide tour de l’île et privilégiez un séjour long, en camping, en auberge, à l’hôtel ou dans une vieille maison.

Visiter les Moulins de l’Isle-aux-Coudres

Rendez-vous aux Moulins de l’Isle-aux-Coudres, économusée de la meunerie, et à l’étage découvrez une salle d’exposition où l’on rend hommage à Pierre Perrault. Panneaux d’interprétation et photos d’époque vous permettront d’en apprendre davantage sur son histoire. Dans cette même salle, qui porte le nom de l’artiste, vous pourrez visionner l’un des trois films réalisés à l’Isle-aux-Coudres dans les années 60. Pour la saison 2024, un projet d’agrandissement visera l’aménagement du bâtiment d’accueil dans le but, entre autres, de mettre en valeur et faire revivre de nombreux souvenirs rattachés à Pierre Perreault.

Déambuler au parc de l’anse de la Roche à Caya

Suivez ensuite les passerelles à l’anse de la Roche à Caya pour en apprendre plus sur cet endroit mythique où se pratiquait la fameuse pêche à marsouins, celle-là même que Perrault s’est donné pour devoir de recréer au nom de la mémoire collective dans son célèbre Pour la suite du monde. Puis comme l’essayiste cherchant « désespérément à prendre pied dans [sa] propre vie, [prit] lieu parmi quelques hommes et beaucoup d’oiseaux » (Discours sur la parole, 1966), profitez de la tranquillité du parc pour observer la faune aviaire, plus de 200 espèces différentes faisant escale à l’île au gré des marées.

Découvrir l’incomparable canot à glace

Impressionné par le savoir-faire et la résilience des insulaires en hiver, Perrault consacre un épisode complet de sa série radio-canadienne à la traversée du fleuve en canot à glace dans La traverse d’hiver à l’île aux Coudres. Alors rendez-vous Les Traverseux : espace patrimoine – canot à glace pour essayer ce sport unique ou voir l’histoire se poursuivre sous vos yeux au centre d’interprétation ouvert à l’année, là où artefacts, phare et goélettes rencontrent conteurs et artistes émergents. Envie de voir les vrais de vrais navigateurs et navigatrices à l’œuvre ? Planifiez votre séjour aux dates prévues pour La Grande Traversée, compétition d’envergure internationale de course de canot sur glace se déroulant habituellement en février entre Saint-Joseph-de-la-Rive et l’Isle-aux-Coudres.

Aller à la rencontre des marsouins à La Fascine

Et parce que suivre les traces de Pierre Perrault, même sans magnétophone à la main, c’est avant tout écouter ce que les gens ont à dire, pourquoi ne pas enjoliver vos soirées « coudriloises » de musique, de conversations et d’anecdotes en vous mélangeant aux gens de la place à l’Auberge La Fascine, chaleureux bistro culturel où 5 à 7, soirées karaoké, séances de yoga et spectacles créent autant de prétextes à se rassembler et à garder vivante peut-être la plus importante de toutes les traditions : celle de la parole échangée !

Ces œuvres de Perrault qui parlent de l’Isle-aux-Coudres

Radio et télésérie :

Au pays de Neufve-France (1956-1960)

Films (cinéma direct) :

Pour la suite du monde (1963)

Le Beau plaisir (1968)

Pour la suite du monde; Le Règne du jour (1967)

Les Voitures d’eau (1968)

Essais :

De la parole aux actes (1967-1980)

Poésie :

Chouennes : poèmes 1961-1971 (1975)

Jusqu’à plus oultre… (1997)

Irréconciliabules (1998)

Le visage humain d’un fleuve sans estuaire (1998)

Récits :

Nous autres icitte à l’île (1999)

Partismes (2001— œuvre posthume)