Tourisme Charlevoix

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15 avril 2023Marilyne Busque-Dubois

Petite histoire de l’alcool dans Charlevoix

Si l’esprit de la fête a toujours été présent dans Charlevoix, saviez-vous que la production, la vente et la consommation d’alcool y ont été interdites pendant des dizaines d’années ? Ce qui n’a pas empêché la « boisson du diable » de se rendre en cachette jusqu’à ses plus fervents adeptes, bien au contraire…

À l’époque de la prohibition, la province de Québec, moins conservatrice que les États-Unis et le reste du Canada, décide de prôner la « tempérance », laissant à chaque municipalité le soin de tenir ou non un référendum sur l’interdiction d’alcool. Comme près de 90% des municipalités québécoises à partir de 1919, Charlevoix vote alors pour l’interdiction et devient officiellement « comté sec ».

Mais en dehors des réseaux officiels de distribution et malgré les menaces du clergé et les sanctions d’emprisonnement, tout un système de clandestinité se met en place, de la fabrication d’alcool artisanal à l’ouverture de bars clandestins, en passant par le commerce par bateau avec les bandits américains et la mafia montréalaise.

Loin de l’agitation des grandes villes, la contrebande fleurit dans Charlevoix, au point où les curés de l’époque parlent d’un « vice enraciné[1] » :

Des navigateurs de Saint-Irénée, des Éboulements et de l’Isle-aux Coudres sont dénoncés comme les principaux responsables. Seuls ou avec la collusion de marchands locaux, ils font le commerce du « Saint-Pierre ». La contrebande commence par le ravitaillement à bord de goélettes américaines dans le golfe du Saint-Laurent pendant la belle saison et se poursuit durant l’hiver avec la distribution de l’alcool dans les villages sur la côte.

Photo : Maison du Bootlegger
Photo : Maison du Bootlegger

C’est un excentrique américain de la Pennsylvanie, M. Norie Sherman Sellar, propriétaire d’une vingtaine de lacs de la région et fondateur du très sélect Club des Monts, club de chasse et pêche réservé à ses riches compatriotes, qui fait déménager une maison de 1860 dans l’arrière-pays charlevoisien pour la cacher des regards et transformer son intérieur en l’un des plus célèbres speakeasy, bar clandestin où les jeux de hasard, la musique et l’alcool attirent des milliers de visiteurs venus du pays voisin, dont le King en personne, Elvis Presley.

Bootlegger Photo : Louis Laliberté

Aujourd’hui connue comme la Maison du Bootlegger, l’établissement recelait d’ingéniosités conçues pour dissimuler ses activités aux escouades policières : murs coulissants, portes secrètes, panneaux amovibles et même labyrinthe !

Toujours considérée comme un paradis du plein air, Charlevoix continue d’accueillir les touristes en quête d’aventure dans ses pourvoiries offrant à la fois confort et nature sauvage, où il fait bon boire en toute tranquillité, bières, vins et spiritueux locaux, une foule d’entreprises locales produisant (légalement !) des produits alcoolisés d’exception : MicroBrasserie Charlevoix, Omerto, Menaud, Hydromel Charlevoix, Famille Migneron de Charlevoix, les différentes cidreries…

Et si comme les fêtards de la prohibition, l’envie de faire des folies vous prenait, la Maison du Bootlegger et le Casino de Charlevoix sont là pour vous recevoir en grand !

Photo : Bon appétit Qc
Photo : Bon appétit Qc
Cidrerie Pednault Photo : Bon appétit Qc

[1] Perron, Normand et Serge Gauthier, Histoire de Charlevoix, Québec, Presses de l’Université Laval, coll. « Les régions du Québec », 2000, 394 p.

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