Tourisme Charlevoix

< Retour à l'accueil
17 septembre 2020Mylène Simard

Souvenir d’une pêche à l’anguille

Racontée par une « Anguille » de Petite-Rivière-Saint-François

Qui dit vie de riverain, dit aussi vie trépidante remplie d’histoires à raconter. Grandir au sein d’une famille de pêcheurs d’anguilles imprègne non seulement l’imaginaire, mais évoque de nombreux souvenirs qui sont gravés à tout jamais.

Laissez-vous transporter par les souvenirs de pêche d’une p’tite Simard, descendante de pêcheurs d’anguille et native du charmant village de Petite-Rivière-Saint-François.

D’aussi loin que je me souvienne, année après année, de la mi-septembre à la mi-octobre, la pêche à l’anguille était non seulement un revenu, mais également une tradition et une fierté familiale.

Chaque fin de semaine d’automne, on se retrouvait en famille; cousins, cousines, oncles, tantes et amis, au chalet de mes grands-parents. Un petit chalet convivial situé entre fleuve et montagnes, en bordure du fleuve Saint-Laurent et au cœur de mon village natal bien-aimé: Petite-Rivière-Saint-François. Quelle chance que de se réveiller tous les matins aux premières loges et d’admirer, d’aussi près, les hauts et les bas de la marée transportant un effluve salin qui chatouille les narines.

© Municipalité de Petite-Rivière-Saint-François, Jean-Philippe Grenier

Depuis le mois de juin que les hommes travaillaient à monter la pêche à la fascine, alors que nous, les enfants, prenions plaisir à nous rendre aux battures et à nous rouler dans la boue de la tête aux pieds. Dès notre retour au bercail, la baignade dans l’eau glaciale de la rivière n’était pas optionnelle: il fallait bien obtenir la permission de remettre les pieds dans le chalet!

Enfin venait la mi-septembre, cet important moment de l’année où tout doucement, la pêche à l’anguille s’amorçait. Mon père, mon grand-père ainsi que mes oncles étaient désormais prêts à capturer ce vigoureux poissons du Saint-Laurent. Longues poches de jute à la main, de jour comme de nuit, ils effectuaient de nombreux allers-retours
entre le large et la rive, entre chaque marée.

Au chalet, les coffres à l’eau débordaient de centaines d’anguilles impossibles à saisir. Ma grand-mère était déjà aux fourneaux et se préparait à les cuisiner. Toutes les déclinaisons culinaires ou presque étaient réalisées, en passant de l’anguille pochée, rôtie, fumée ou en médaillons, aux conserves. Certainement pas le seul, mais l’un des
souvenirs les plus marquants est sans aucun doute l’odeur embaumant les quatre coins du chalet au moment de la cuisson!

Mon grand-père Simard conserve encore aujourd’hui de très bons souvenirs de cette pêche laborieuse ayant eu lieu des années 1970 à 1990. Plus le temps était mauvais, forts vents accompagnés d’une pluie battante et de marées houleuses, plus la pêche était bonne. Lors des meilleures pêches, il pouvait capturer jusqu’à 500 anguilles en une seule et unique marée dans les nasses de sa pêche à la fascine. La grande majorité des anguilles étaient vendues aux marchands de Baie-Saint-Paul dans le but d’être exportées sur les marchés allemands. Croyez-le ou non, autrefois une livre d’anguilles était vendue au coût de 0,35$ seulement!

Aujourd’hui, les «Anguilles» de Petite-Rivière (nom affectueusement donné aux résidents du village) font vivre la tradition pendant quelques temps, durant le Festival de l’Anguille qui a lieu à chaque année en octobre. Splendeurs et souvenirs olfactifs garantis pour tous ceux qui s’y rendront!

 

< Voir tous les articles
Réservez