« Quand je suis arrivé dans Charlevoix il y a 10 ans, je débarquais directement du Yukon. J’avais connu l’immensité, mais ce qui m’a d’abord frappé en arrivant ici, c’est ce territoire mixte mer et montagne dans lequel j’allais enfin pouvoir vivre à fond mes deux passions.

Comme guide de plein air, on peut dire que je suis habitué aux chemins les moins fréquentés. Dans Charlevoix, le dépaysement a pourtant été total. C’était la possibilité de filer à 15 km/h sur le Mont des Éboulements en traîneau à chiens, entouré de beauté sauvage, à observer les pistes de lynx et de coyotes et à tendre l’oreille pour apprécier le silence. C’était aussi la possibilité de prendre d’assaut les glaces d’un fleuve de 20 km de large en kayak de mer, en plein mois de mars, lorsque les températures sont encore sous zéro.

Je me rappelle encore ma première sortie de kayak, l’hiver, direction Cap à la Baleine. Je n’avais encore jamais rien vu de pareil : une paroi rocheuse verticale de 55 mètres par 250 mètres de large couverte de glace. Vue du fleuve, t’as une impression de bout du monde, et ce qui est merveilleux, c’est que tu n’as pas – justement – à aller au bout du monde pour t’offrir ce spectacle surréaliste. Tout ça est à portée de la main à un peu plus d’une heure de Québec et moins de 4 heures de Montréal.

Je n’ai pas l’intention de partir d’ici. Je me suis acheté un terrain aux Éboulements et j’attends que mon fils grandisse un peu pour aller m’y installer et lui apprendre, à lui aussi, à lire le paysage ».