« On dit que les gens d’ici ont du bagou. C’est probablement ce qui fait de moi la femme tenace et décidée que je suis. Ça doit être ça, la force des montagnes.

J’ai quitté Charlevoix pour mieux y revenir, l’année de mes 40 ans. Adieu Montréal, bonjour Charlevoix. Jean-Pierre – mon conjoint – et moi avons racheté le chalet d’hiver de mon père, au pied du Mont Grand-Fonds. C’est là qu’on a commencé à bâtir notre rêve. Lors d’une promenade, un jour, un coup de pied dans un champignon et voilà, l’idée s’est imposée : nous allions cultiver les pleurotes.

Il y a 15 ans, personne ne croyait à l’avenir d’une champignonnière au Québec. Je n’avais même jamais mangé de pleurotes de ma vie. Pas de problème, nous allions apprendre. Aujourd’hui, nous cultivons 10 tonnes de pleurotes par année et notre laboratoire fait partie du circuit de la Route des Saveurs de Charlevoix. Chaque été, des centaines de touristes s’arrêtent chez nous pour goûter notre incontournable pesto ainsi que nos délicieux pleurotes marinés.

Dès que nos horaires le permettent, on s’arrête faire provisions à la fabuleuse boulangerie Pains d’exclamation et nous voilà sur la plage de Saint-Irénée – la plus belle de Charlevoix -–  ou en direction de Port-au-Persil, l’un des plus beaux villages du Québec. Quelquefois, mon passé d’artiste refait surface. Je file alors au Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul et je visite le Symposium d’art contemporain, chaque année en août.

Une fonceuse ? C’est ce que les dragons* ont dit de moi il y quelques années quand ils ont voulu acheter 30% de ma compagnie. On m’en parle encore. Vous êtes celle qui a refusé l’offre des dragons ? C’est bien moi et je ne l’ai jamais regretté. »

* Dans l’œil du dragon est une populaire émission de télé diffusée au Québec.